Locus Sonus Vitae

Musiques, Histoires, Reconstructions virtuelles des espaces acoustiques

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Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques #9


Mercredi 19 décembre 2018
9h30 : accueil
10h-13h : conférences et débat
IMéRA- Marseille, Maison des Astronomes, salle de conférences


Avec :
Mylène Pardoen : Docteur en musicologie, spécialiste d’archéologie du paysage sonore, chercheur à la Maison des Sciences de l’Homme de Lyon-Saint-Étienne ;
Julien Ferrando : artiste musicien, maître de Conférences et responsable du secteur musique et sciences de la musique de l’Université d’Aix-Marseille, membre du laboratoire PRISM (AMU/ CNRS).


Si le rapport entre lieu de création, geste musical et acoustique font sens depuis des millénaires dans l’histoire des pratiques, avec le développement des technologies du son, de sa captation à ses écoutes, s’est posée la question de la restitution d’espaces virtuels sonores et de l’impact sur le geste musical. En outre, l’écologie sonore à partir des travaux de R. Murray Schafer, a permis de faire prendre conscience de l’importance de notre « milieu ambiant », des sons qui nous entourent et de notre propre place dans le monde. En droite ligne, la captation de la musique et la restitution de l’espace sonore, sont devenues progressivement une préoccupation des artistes et des ingénieurs du son. Dès les années 2000, des musiciens ont cherché à se rapprocher des captations multicanales issues du cinéma. Alors que ce type de recontextualisation n’était – il y a peu – que du domaine de l’imagination, les évolutions notoires de la captation et de la diffusion en trois dimensions, ainsi que le développement de projets tels que Hyper Radio (Radio-France), RevisMartin (David Fiala CESR Tours) ou le Projet Bretez (Mylène Pardoen, MSH -LSE-USR Lyon) ont permis d’ouvrir le champ de la réflexion autour de l’objet patrimonial virtuel. L’arrivée des nouvelles technologies du son a rendu possible la duplication virtuelle de l’acoustique d’un lieu. En parallèle, l’archéologie expérimentale et les modélisations 3D ont permis de reconsidérer les représentations visuelles des monuments historiques. L’évolution des rendus « Binaural » (son 3D avec casque) a ouvert des perspectives innovantes, tant sur le plan de l’étude des pratiques musicales, de la musicologie que des sciences du son. De fait, l’immersion permet de dépasser les cadres habituels de production et de créer des situations nouvelles de re-création et de diffusion du patrimoine.

Cette séance vise à aborder ces développements à travers deux projets reposant sur une interdisciplinarité Arts-Sciences mettant en œuvre les liens croisés entre les pratiques artistiques, l’interprétation musicale patrimoniale, l’acoustique et les techniques du son multicanal et l’archéologie expérimentale : le Projet Bretez Restitution 5D d’un quartier de Paris et le projet I.M.A.P.I – Immersion Musicale en Acoustique Patrimoniale Immersive / Avignon 3D.

Le Projet Bretez, conçu et dirigé par Mylène Pardoen, est une restitution d’un quartier de Paris durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Initialement Bretez est une réponse à la demande de musées qui désiraient apporter une dimension sonore à leurs expositions. À l’image de l’archéologie, ce projet propose des modèles qui reposent sur des critères scientifiquement valides, en travaillant à partir de sources vérifiées et recoupées. En parallèle, le projet repose sur une récolte d’objets sonores qui entrent dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine immatériel (lieux, pratiques artisanales, objets…). La finalité est de comprendre comment s’articulaient les espaces sonores dans l’Histoire, mais également de tenter de mesurer et de comprendre le degré de sensibilité aux facteurs sensoriels et son évolution dans le temps.

I.M.A.P.I – Immersion Musicale en Acoustique Patrimoniale Immersive / Avignon 3D est né d’une nécessité. Suite aux mutations esthétiques et technologiques qui ont touché les relations entre les arts et les sciences dès la seconde partie du XXe siècle, de nombreux musiciens-interprètes explorant les répertoires patrimoniaux se questionnent sur ce que pourrait être le geste musicien replacé dans son contexte de création aussi bien musical qu’architectural. Il s’agit, en effet, pour eux de questionner l’acoustique « historique » (disparue) d’un lieu de production patrimoniale.

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