LOCUS SONUS
session 2005/2006
Programme Crédits-Recherche (DAP) (2005/2006)
(appel à projets n_4)
- Objet de la recherche
TERRITOIRES ELECTRONIQUES DE LA CREATION PLASTIQUE SONORE.
La création sonore a accompagné depuis plusieurs décennies l'essor des technologies
en sciences comme en art en anticipant ou en détournant des usages et en énonçant
des perspectives favorisant des pratiques émergentes expérimentales. Celles-ci ont
continuellement requestionné et enrichi les formes de réprésentation telles que
l'exposition et l'événement public.
La question aujourd'hui que nous souhaitons soutenir serait de voir en quoi les
pratiques sonores et audio deviennent un territoire de recherches et d'innovations en
art permettant de déterminer des spécificités propres et des enjeux définis, tout en
favorisant des dialogues et des échanges entre des domaines de pratiques et des
manières de faire. Nous voudrions établir un champ de recherche, d'expérimentation et
d'évaluation sous la forme d'un séminaire engageant des présentations et des
expérimentations afin d'identifier les émergences significatives et de proposer un
espace de développement de celles-ci.
Tout en considérant que les pratiques sonores et audio ont toujours marqué
historiquement des positionnements artistiques radicaux, critiques et novateurs à
propos des modalités des pratiques d'exposition et des formes événementielles
spectaculaires, il nous semble essentiel d'investir à nouveau de manière théorique et
expérimentale un espace d'évaluation et de valorisation des pratiques de production et
de monstration liées à ce champ singulier.
Les solutions et les inventions abordées par ces pratiques ont permis le développement
d'outils et d'organologies dont les spécificités et les singularités sont liées à des aspects
polymorphes, mobiles et modulaires permettant à la fois une ouverture sur
l'articulation avec d'autres mediums (medias) et une réflexion originale sur les
possibilités de traitement et d'enrichissement de l'espace (plastique) ainsi que sur les
perspectives de modes de production et de diffusion liés aux environnements
(dispositifs) en réseau.
Ainsi nous proposons d'articuler ce séminaire sur 2 axes principaux complétés par un
troisième axe transversal .
- dispositifs audio & espaces
- dispositifs audio & réseaux
- territoires / topies et pratiques numériques / pratiques sociales
-
Par l'expérimentation artistique et la généralisation de l'Internet, les technologies
numériques interrogent régulièrement le rapport de l'individu à la société. En tant que
support permettant le développement de nouveaux horizons de production, de
communication, de création et d'action, elles posent aussi la question de leur inscription
territoriale. Dès lors, comment les technologies numériques abordent la relation de ces
trois notions: individu, société et territoire?
Tout en menant l'exercice de pointer des effets de "clôture", et en esquissant vers
quelques pistes pour excéder ces "clôtures", nous voyons que nous avons d'une part, un
terme qui flêche sur l'espace (territoire), et un autre qui, en principe ne prend guère de
place, les technologies numériques, qui de leur côté, soit qu'on les définit par leurs effets
générateurs de langages expressifs, soit qu'on les situe du côté d'un métalangage qui
permet la conversion, la traduction, la "transduction", la circulation, etc.
Pourquoi ne pas dire "espaces numériques", ou encore "paysages numériques", comme
on parle de "paysage audiovisuel", ou encore, "d'arenes numériques"? Ou bien de
"plate-formes numériques", de "scènes numériques", ou pourquoi pas de "galaxies
numériques", "d'archipels numériques", ou encore de "sphères numériques", de
"régions numériques", ou finalement, au plus neutre, "d'aires numériques"?
Ces vocables de substitution font entendre la connotation spécifique qui s'implique dans
le mot territoire, et qui a à voir avec des notions d'emprises, et donc de pouvoir, de
"régie", de capacité à régir, si l'on veut, sur une "région". On peut décliner la pertinence
qu'il y a à s'interroger sur le numérique comme pouvant faire territoire, de deux manières:
une manière interne et une manière externe.
Une manière interne: "l'aire du numérique", c'est-à-dire la sphère des activités qui
impliquent un usage des outils numériques peut être le réceptacle de processus
territorialisants pour autant que des acteurs, individuels ou collectifs, se mettent en position
d'en maîtriser les ressorts: de se les approprier, en l'occurrence de "faire leurs" ses
codes constitutifs, de manière à pouvoir y évoluer "proprement". C'est-à-dire tout autant
"correctement" et "en propre". Ensuite ces maîtrises expertes peuvent se ventiler en
prétentions de maîtrise dans un champ concurrentiel d'usages.
Une autre manière de donner sens à - ou de faire saillir le sens qui se trouve implicitement
dans - la notion de "territoire du numérique", est une manière externe: l'aire des usages
du numérique est susceptible de faire emprise sur d'autres aires d'usages, avec les
connotations d'envahissement, de confiscation de prérogatives, de dessaisie des
compétences qui vont avec: "le teritoire du numérique vs d'autres territoires".
Prise au sérieux, elle pose des problèmes: de quels autres territoires parle-t-on? Du
territoire de l'analogique? Cela pourrait faire sens et aurait l'avantage d'être précis, mais
nous voyons bien que ce serait un sens très limité: la conquête des chasses gardées de
l'analogique par les percées du numérique? Il y va de l'emprise croissante, de la "morsure" des territoires électroniques sur nos territoires sociaux.
L'usage des technologies numériques, avant que de faire effet sur des territoires, fait plus
immédiatement effet sur quelque chose qui n'est pas territorial, et qui est la sphère de
production et de circulation des signes, laquelle sphère a pourtant bien sa géographie,
peuplée de diverses entités, humaines et non humaines. Des aires, des zones ou bien des
"coursives de publication", de "porter à la connaissance" ou à la portée d'un "public",
d'une audience, d'une communauté réceptrice. Au rayon des engagements artistiques, il
semble que les ressources qu'on dira "a topiques" des nouvelles expressions sont moins
recherchées comme un but en soi (s'installer dans des territoires de rechange), mais se
travaillent sans arrêt du point de vue de leurs connexions avec d'autres topies, plus
ancrées, et sans doute pour les déstabiliser.
(résumé d'un texte issu d'une communication de Samuel Bordreuil à l'Ecole Supérieure
d'Art d'Aix-en-Provence en 2004).
- Méthodologie
Séminaire mené durant une année selon un programme de 30 interventions au sein de
l'ESA (présentations et expérimentations) et prenant comme support un dispositif de
publication en ligne, complété par des publications papier et des présentations
publiques.
Ce séminaire constitué d'un cycle de présentations (conférences, présentations,
communications, démonstrations et expérimentations) sera ouvert aux étudiants des
Ecoles d'Art Françaises et des départements d'Université.
laboratoire universitaire associé: CNRS-MMSH, laboratoire méditerranéen de
sociologie (LAMES), Samuel Bordreuil
liens: http://www.imageson.org/
http://www.mmsh.univ-aix.fr/lames/
- Dossier de demande
liens: dossier pdf
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