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Locus Sonus est un laboratoire de recherche en art audio, postdiplôme mutualisé sur l'École Supérieure d'Art d'Aix-en-Provence et l'École Nationale Supérieure d'Art de Bourges.
Son objectif est d'expérimenter les aspects innovateurs et transdisciplinaires des formes artistiques sonores en articulant des axes qui constituent notre recherche actuelle et nos réalisations artistiques en cours : les Espaces Sonores en Réseau, Field Spatialization (spatialisation sonore combinant l'articulation d'espaces locaux et distants), les questions relatives aux Flux audio et à l'influence de la distance sur le son, la Sonification et les Auditoriums Internet. Cette recherche est basée sur la création d'un corpus d'expérimentations artistiques et techniques et sur l'ouverture d'un espace critique problématisé sur les relations son/espace et son/distance, dont la méthodologie est dirigée par la pratique et orientée sur la réalisation artistique publique. La mise en oeuvre principale du laboratoire concerne les transports des sons (et des ambiances) donnant lieu à la construction de dispositifs de streaming et de flux (transports de sons en direct via Internet) et d'environnements sensoriels et expérientiels, jouant avec les entrelacements de lieux et de distances et les modifications de perception qu'ils engendrent. Locus Sonus accueille un petit nombre d'artistes-chercheurs postmaster qui constitue avec les membres permanents l'équipe de recherche. Notre proposition s'appuie sur une mise à jour d'un champ expérimental naissant, celui de l'art audio, situé aux intersections et dans les apports respectifs des domaines artistiques plastiques et musicaux.



ESPACES SONORES EN RÉSEAU

Introduction

http://locusonus.org/documentation/img/logos/logo_locusonus_small2.jpg L'unité de recherche en art Locus Sonus travaille depuis son lancement en 2004 sur les enjeux croisés entre audio en espace et audio en réseau. Il est porté en tant que post-diplôme par l’École Supérieure d'Art d'Aix en Provence, l’École Nationale Supérieure d'Art de Bourges (après l'avoir été par l’École Nationale Supérieure d'Art de Nice Villa Arson jusqu'en septembre 2010).

http://www.ecole-art-aix.fr/

http://www.ensa-bourges.fr/



La création du laboratoire, en tant qu'unité de recherche, répond au cadre naissant de structuration de la recherche dans les Écoles Supérieures d’Art. Son objectif est d'expérimenter les aspects innovateurs et transdisciplinaires des formes et des pratiques artistiques sonores. Il s’agit d’une part d’assurer la mission de créer un corpus de connaissances, une série d'outils et de dispositifs, et un espace critique vis-à-vis des pratiques en art audio qui se trouvent en pleine évolution dans un contexte actuel technologique et socio-technique fort, et d’autre part de sonder les contextes historiques qui les fondent et qui tissent des références inédites par les croisements incessants, activés par les artistes eux-mêmes dans les courants de l’Histoire, entre Art et Musique. L’ensemble des ressources constituées est ainsi mis à disposition des Écoles d’Art et des domaines artistiques et scientifiques qui sont connexes.

Spécialisé sur les questions d’audio en espace et d’audio en réseau, Locus Sonus ouvre un champ de recherche sur les territoires de la création associés aux développements dans ces domaines. Cette investigation engage le croisement de plusieurs points de vue : celui technologique à propos d’expérimentations artistiques sur les outils et systèmes de communication en pleine évolution, celui artistique par l’interrogation des formes artistiques et de leur adresse publique, et en conséquence celui des évolutions de l’espace de création et social engendrées par celles des espaces sonores et technologiques.



LES AXES DE RECHERCHE

Les premiers projets du laboratoire (Locustream, Wimicam, etc.) ont été développés et réalisés à partir d'expérimentations des techniques de streaming engageant les problématiques liées aux pratiques des flux en espace et en réseau (ce qui a été poursuivi et développé par les projets suivants : LS in SL (Second Life), New Atlantis, etc.). Ceci a été le sujet principal des symposiums Audio Géo et Audio Sites en 2005 et 2006, et du lancement du partenariat privilégié que nous menons depuis avec le laboratoire de sociologie CNRS/LAMES. Ce dernier s’intéresse aux modifications créées par les technologies dans la production artistique et aux modalités selon lesquelles le public répond à ces modifications. Il faut comprendre que les articulations et les déplacements entre les objets de recherche au sein du laboratoire s’effectuent dans le fil des travaux menés et en interlocution avec les domaines de recherche associés. Au travers des programmes Audio Extranautes, Audio Connect et Sonification, menés depuis 2007 (tout en comptant le projet non retenu par l'ANR en 2009 : Audio Urbain et Étendu - Art Sonore, Ambiances Urbaines et Prise de Place Publique), deux axes constituent notre recherche actuelle et nos réalisations en cours : Field Spatialization (spatialisation de terrains) et Networked Sonic Spaces (espaces sonores en réseau) ; se poursuivant sur les problématiques liées à la Sonification et à celles des Auditoriums Internet (qui est au cœur du septième symposium en 2012). Cette recherche est basée sur la création d'un corpus artistique et technique et sur une méthodologie dirigée par la pratique et orientée sur la réalisation artistique publique (expérimentation contrôlée). Notre proposition s’appuie sur une mise à jour d’un champ expérimental situé aux intersections et dans les apports respectifs des domaines artistiques plastiques et musicaux.



UN LABORATOIRE

Un des facteurs importants voire constitutifs du laboratoire Locus Sonus concerne les aspects collectifs et de collaboration. Nous observons que d’une part ceux-ci sont inhérents à la plupart des pratiques audio émergentes qu’elles soient directement liées à Internet ou non, et que, d’autre part, ils déterminent les conditions des enjeux qui nécessitent de travailler à plusieurs sous des formes collaboratives (de recherche et artistiques). Le laboratoire a une existence en tant qu'espace de travail, d’expérimentation, de réalisation et de développement qu’il serait impossible de mener seul ou sur des modalités d’un travail artistique personnel en analogie avec ce qui se passe habituellement, et ceci au-delà de la disponibilité d’un espace privilégié tel que les post-diplômes actuels dans les Écoles d’art, et au-delà aussi de la collaboration professionnelle à un projet commun. Ainsi depuis sa création, Locus Sonus accueille un petit nombre d'artistes-chercheurs post-master qui constitue avec les membres permanents l'équipe de recherche. Cette équipe travaille ensemble tout au long de l’année à partir de méthologies communes et croisées, sans ignorer les initiatives individuelles qui en retour viennent re-positionner le laboratoire. Locus Sonus est nomade, mutualisé sur deux institutions d’enseignement artistique (distantes de deux cent kilomètres l’une de l’autre, jusqu'à notre dernière configuration institutionnelle Aix-Nice qui a changé de géométrie à partir de septembre 2010 : Aix-Bourges), trajets que l’équipe parcourt régulièrement pour des sessions de travail en commun sur ces deux lieux ou également pour des périodes de développement et de réalisation dans des structures partenaires.

Le laboratoire ajuste d'année en année son fonctionnement et son régime d'activités selon les critères et les contraintes du développement de la recherche dans les Écoles d'art. En effet, ce domaine étant tout juste naissant et en pleine élaboration, les conditions administratives (statuts, temps de la recherche, validation, etc.) ne sont pas encore stables pour assurer une continuité de l'activité de recherche portée par une École d'art, malgré l'évolution rapide des activités du laboratoire Locus Sonus (cycle de symposiums, réalisations, publications, collaborations scientifiques nationales et internationales, réponses à des appels d'offre, etc.).

Depuis 2005, Locus Sonus accueille des artistes et des chercheurs, en nombre limité (environ 3 à chaque session) et selon des sessions de différentes durées dont la moyenne est de 3 années. Les premiers accueils ont été effectués sur la base d'un appel à candidature (les deux premières sessions, 2005-2008) en réponse aux axes de recherche ; depuis 2008, le laboratoire recrute selon des « profils » recherchés correspondant à des compétences liées aux projets et programmes en cours : sur une longue durée et en sollicitant la construction de projets et de recherches personnelles en fonction des projets collectifs Locus Sonus (2008-2011) ou sur des contrats plus ponctuels d'études et de développements (2010/2011). En réponse aux nombreuses demandes de chercheurs externes désirant rejoindre le laboratoire et articuler un cursus régulier de 3ème cycle, Locus Sonus peut se proposer comme un lieu et un espace d'accueil de doctorants rattachés à des laboratoires externes, ou d'artistes et de chercheurs portés par des programmes externalisés (ce sera le cas de Scot Gresham-Lancaster, artiste en résidence à l'Institut d'Études Avancées IMERA, en 2011).

En parallèle nous participons en relation étroite avec les cursus DNAP et DNSEP des écoles d’art d’Aix et de Bourges aux programmes franco-américains de partenariat universitaire FACE (2005-2008) et PUF (2009-2012) qui nous associent à la School of The Art Institute of Chicago (SAIC), notamment en ce qui concerne l’expérimentation et le développement avec les espaces virtuels sonores (LS in SL, New Atlantis). Par ailleurs, les projets de réalisation sont produits ou co-produits par des structures de diffusion et l’obtention d’aides aux projets.

Le laboratoire propose des processus de travail, de recherche et de réalisation qui combinent :

  • l'expérimentation pratique dite « contrôlée », dans le sens où les productions du laboratoire sont de l’ordre de la réalisation artistique à partir d’une hypothèse mise en commun (ou d’une série d’hypothèses). Cette dernière est centrée sur un ou des problèmes issus d’instabilités ou de désajustements décelés d’ordre pratique, technique et de l’ordre de questionnements de régimes de perception, d’attention et de formes. Ces expérimentations continues donnent lieu à des réalisations artistiques publiques. Ces réalisations rendent lisibles ou problématisent des éléments des contextes environnants qu’ils soient technologiques, techniques, sociaux, etc., et des éléments inhérents à la pratique artistique (esthétique, place du public, etc.) ;
  • et l'évaluation critique en interrogeant collectivement les espaces sonores selon les deux axes référentiels du laboratoire - audio en espace, audio en réseau - par l’apport et le va-et-vient des questions avec des domaines scientifiques impliqués ou voisins (sociologie, esthétique, etc.) par co-évaluation, co-création (essaimage de questions et feedbacks permanents) et par un mode continu d’alternance au sein du laboratoire entre expérimentation et publication (études, réalisations, articles, etc.).

La question de l'évaluation « scientifique » prend en compte cette dimension collective du laboratoire en tant que base ferme de la recherche commune. Autant l’artiste-chercheur est amené à s'inscrire dans le laboratoire au vu des compétences et des expertises qu'il ou elle amène à l'équipe de recherche (via les appels à candidature et à recrutement), autant il ou elle est en même temps sollicité(e) à contribuer à la construction et au développement de la recherche et à se situer individuellement dans ce cadre, en rendant significatifs les écarts, les mobilités et les conjonctions entre les apports personnels et l'élaboration collective. L'identification de cette échelle est le moteur même du laboratoire.



SON ET ESPACE

Au cœur de cet espace de recherche et d'expérimentation la notion couplée « son / espace » (l'espace problématisé par le son et vice-versa) est la rotule essentielle de nos investigations. Celles-ci proposent un éventail de propositions, allant de la performance et du concert aux installations et projets en ligne, en passant par toutes les modalités et opérations de restitution et de diffusion acoustique et électroacoustique, de mises en place de systèmes, d’appareils et de dispositifs (lutheries, programmes, interfaces, publics, audiences), ou encore d'actions et de processus en direct jouables et interprétables (performances, compositions, im- et com-provisations, etc.). La mise en œuvre principale du laboratoire concerne les transports des sons (et des ambiances) donnant lieu à la construction de dispositifs de streaming et d'environnements sensoriels et expérientiels constituant des dispositions et des types d'écoute, synchrones et asynchrones, locaux, distants et situés, autophones et chronotopes : les espaces sonores en réseau.

Notre utilisation du streaming est particulière car elle se base sur la mise en place d’un réseau de micros ouverts (web-mikes ou open microphones) et la transmission en direct des captations non-altérées et brutes d’environnements et d’étendues sonores : des sons qui emportent ou importent avec eux le sens de leur étalement (moins des sources que des « bassins »). Dans tous les cas, il s'agit de sonder les espaces et les perceptions de ceux-ci dans les aspects multiples de l'in-situ (site-specific) et de l'in-tempo (time-specific) - l'architecture, l'ambiance, l'expace contextuel, la localisation et la spatialisation, le paysage (soundscape), la proprioperception, etc. -. Cette panoplie d'instances et de constituants peut déployer plusieurs registres à expérimenter et à problématiser : résonances (espace unitaire et espaces reliés), transmission et diffusion (transports de sons d'un espace à un autre), spatialisation et mise en espace (composition et virtualisation d'espaces), temporalités d'espaces et multiplicités de points de vue (et d'écoute), réplique et différenciation des lieux, etc.



PRATIQUES DES ESPACES CORRÉLÉS

Les dispositifs développés par le laboratoire font appel aux interactions, interférences et corrélations entre espaces locaux et distants, entre espaces virtuels et physiques et aux modifications qui en résultent :

  • par la production et à la diffusion en direct relayée par Internet via un environnement serveur spécifiquement programmé, de multiples flux sonores captés par un réseau évolutif de microphones ouverts en permanence, disséminés dans des lieux géographiques autour du globe, maintenus par de nombreux complices et collaborateurs, et pouvant devenir matériaux ou sources sonores pour des projets connexes et des réalisations issues de pratiques de composition et d’interprétation (le projet Locustream, utilisant les techniques et technologies Icecast2, PureData, ogg vorbis avec une évolution vers du full access et raw audio). Un micro ouvert est un système audio autonome (micro, encodage, computer, sotfware (Pd), adresse IP) qui capte en continu son environnement. Il est placé dans un contexte choisi par un collaborateur, il peut être fixe ou mobile;
  • par la construction d’interfaces, dynamiques et automatisées, d’écoute en ligne des streams en direct (Locustream SoundMap, http://locusonus.org/soundmap/ , et Locustream Tardis, http://locusonus.org/tardis/ ) ;
  • par la réalisation d’installations d’écoute, de dispositifs de spatialisation et de systèmes d’interactions d’espaces acoustiques et virtuels, autour des notions de mixed realities, de permutations remote/local, de résonances et de sympathies, donnant lieu à des pratiques partagées d’auditeur et à des parcours d’écoute (Locustream Tuner, Locustream Promenade, LS in SL – Second Life -, New Atlantis);
  • par les développements d’appareils mobiles et autonomes de performance et de captation sonore en direct (Wimicam, micro parabolique HF et WiFi pour effectuer des relevés audio, en duplex ou multiplex, dans des périmètres délimités, et équipé de controllers pour piloter des traitements et la spatialisation sonores live), et de streaming (LocustreamBox : terminal/client émetteur – micro ouvert - ou récepteur – haut-parleur permanent -) reconnus automatiquement par le serveur et par les systèmes connexes : interfaces en ligne et dispositifs d’installation. (Linux Xubuntu, nano-pcs, Pd, Max/MSP, Holospat, Junxtion, etc.)

Ces dispositifs Locustream peuvent s’articuler les uns avec les autres, entre installations et performances, entre interfaces en ligne et espaces physiques, entre manipulations et écoutes, et interrogent les passages entre les pratiques et les formes qu’ils mettent à jour. De même, les mises en place de ces systèmes proposent des modes de collaboration et des protocoles spécifiques engageant la construction de communautés de recherche, de développement et de participation (Comme par exemple avec les “streamers”, complices qui ouvrent et maintiennent les micros ouverts), et résonant avec la méthodologie du laboratoire mobilisée autour d'hypothèses mises en commun. Ces interrogations ouvrent un espace créatif pour le développement de projets menés par des collaborateurs et partenaires et par les membres du laboratoire.

  • projets menés par des collaborateurs et artistes externes : Locustream Radio Tuner in SL par Brett Ian Balogh, La mouvance des flux par Cédric Maridet, Trajets par Pascale Gustin, Distillerie Sonore par Cécile Beau, Pont Sonore par Gilles Aubry et Stéphane Montavon, etc. (Consultez la rubrique Prod > Projets Externes dans le menu principal)
  • recherches en commun avec des structures partenaires : SAIC School of the Art Institute of Chicago (New Atlantis), SARC / Sonic Art Research Center Queen's University Belfast (Locustream, développements streaming mobile, projet européen SINC Synchronized Identities / Networked Communities), CRiSAP Creative Research into Sound Arts Practice, LCC, University of the Arts London (publications), STEIM Center for research & development of instruments & tools for performers in the electronic performance arts Amsterdam (WimiCam), LORNA Reykjavik (Locustream), CultureLab – Newcastle University (Sonification), etc.
  • projets développés par les chercheurs du laboratoire : Stream Frictions par Nicolas Bralet, Carpophores par Esther Salmona, Audiofil par Lydwine van Der Hulst, LAPS par Nicolas Maigret, Toposone et Modulations par Julien Clauss, TRFK et TRUeQUE par Alejandro Duque, etc. (Consultez la rubrique Prod > Projets des Chercheurs dans le menu principal)


Ces réalisations sont accompagnées par le développement de projets documentaires et théoriques venant alimenter et ressourcer les méthodologies pratiques. C’est le cas notamment du projet de recherche Networked Music & SoundArt Timeline (NMSAT) (Historique de l'art sonore et de la musique en réseau - Panorama des Pratiques et Techniques Liées aux Transports de Sons et aux Actions Sonores à Distance: Archéologie, Généalogie et Anthropologie Sonore des Auditoriums Internet et de l’Écoute à Distance) qui se développe depuis 2008 et qui propose un historique des pratiques sonores en réseau révélant la filiation des problématiques artistiques et théoriques liées à ces pratiques. Cet aspect de la recherche permet de contribuer de manière significative à la communauté internationale de recherche en construisant une ressource commune et inédite sur cet objet, tout en favorisant l’initiation de tout un faisceau et un horizon de questions à explorer.



FLUX, CIRCUITS

Comme nous l’avons vu, notre interrogation actuelle des espaces sonores en réseau tourne autour des conditions des modifications de la perception et des pratiques liées aux espaces et impliquées dans les dispositifs qui agissent ou interagissent avec les lieux ou avec plusieurs lieux simultanément. Cette mise en réseau d’espaces se trouve moins indexée à une forme existante (téléconcert ou dispositif interactif télématique - Barbosa A. Displaced Soundscapes: A Survey of Network Systems for Music and Sonic Art Creation, Leonardo Music Journal 13, pp 53-60, 2003) qu’à des dimensions sociales et topiques (communautés de création et d’attention - Tanaka A., Tokui N., Momeni A. Facilitating Collective Musical Creativity, Sony CSL Paris, MM’05, Singapore, 2005) inhérentes à la création de circuits d’espaces et de participations de jeux, organisations réparties d’acoustiques reliées. Si le terme « en réseau » indique communément une répartition distribuée multi-sites des points d’émission et de réception et une simultanéité d’interactions real-time entre ces sites, notre intérêt se porte plus particulièrement sur les médiations, les interlocutions et les contrôles entre les formes de composition et de jeu (live composition), les formes instrumentales (système / appareil / dispositif / collective instrument) et les formes d’écoute et d’attention (publics / shared audiences), ainsi que sur les réseaux acoustiques :

  • Comment jouer de ces flux, de ces streams, de ces matériaux continus, factuels et imprédictibles, sons de contextes distants ?
  • De quelle organologie relève ce méta-/multi-/télé-instrument (télé-)autophone et ces interfaces (collectives) jouables innervées de flux sonores captés à distance ?
    (Caractères organologiques liés à la pratique et à l’évolution des systèmes construits et élaborés en tant qu’outils, instruments et dispositifs de « jeu » et qui produisent des occurrences identifiables et reproductibles d’un système à un autre)
  • Comment les dimensions agogiques (delays, latencies, bandwith) perceptibles dans l’écoute et le retour de jeu dans un système en réseau amènent un travail de composition avec les espaces ? (Gallet B. Les noms de l’espace sonore ou comment composer avec l’incomposable, Séminaire Art Sonore, Aix en Provence, 2008. Et aussi : Composer des étendues – l’art de l’installation sonore. ESBA Geneva, 2005)
    (Agogique : Du grec agôgê. Ce qui concerne le mouvement, soumis à des fluctuations temporelles (ralentissements, changements de vitesse, etc.) dans le jeu de l'interprétation ou de la lecture.)
  • Comment l’interaction et les influences entre des espaces acoustiques distants, qui n’est possible qu’à partir d’un système en réseau, peut offrir de nouveaux types de performances et de composition en direct ? (Renaud A., Rebelo P. Network Performance : Strategies and Applications, NIME 06, SARC Belfast, 2006)

Afin de ne pas s’abandonner à la fluidité des flux sonores streamés et à nos habitudes d’écoute nous abordons les pratiques situées des lieux reliés qui ouvrent de multiples pistes: remote acoustics (LS in SL, New Atlantis, les projets Espaces Chantants et LAPS de Nicolas Maigret (L’acoustique contrôlable à distance est liée à l’utilisation d’un site distant comme espace de résonance et de traitement acoustique pour une source sonore locale), remote soundscapes and listenings (Locustream), remote sound recording et post-recording (Journal de Streams d’Esther Salmona, Streams Fictions de Nicolas Bralet), inter-modulated soundscapes, re-composed/improvised soundscapes et remote performances (Concert Sympathique Mondial de Sabrina Issa, Sobralasolas ! et nocinema.org de Jérôme Joy (http://jeromejoy.org/ ), RoadMusic - Autosync de Peter Sinclair (http://petersinclair.org/ )).


L'instrument (organon) devient le système en réseau, avec ses inputs et ses outputs, qui peut être excité, depuis son extérieur et de manière programmée et processuelle, pour produire des modulations, des inter-modulations et des artéfacts acoustiques, contrôlables, composables, interprétables à la fois par les auditeurs (public) et par les acteurs (players, streamers, auteurs) à l’aide d’interfaces et de dispositifs hybridant les espaces (local/remote). Il engage des opérations récurrentes et itératives (jouabilité, performativité, interactivité, participativité) dans un système cohérent qui forme un appareil ou un dispositif dont il s'agit de faire l'expérience en tant qu'œuvre. Ceci amène à constituer des pratiques et des écritures possibles à partir des dispositifs et des appareils de streaming et de réception que nous développons : gestes et dérives d’écoute, annotations, sillons et sillages d’écoutes, participations des auditeurs et interactions d’écoute (comme par exemple avec le projet RadioMatic/Streaps (2001) Jérôme Joy & Ralf Homann, Radiostudio Bauhaus Universität), ambiances et imaginaires (écoute cagéenne), réinstanciation continuelle entre auteur et auditeur (phénomène relevé également par Bernard Stiegler et Atau Tanaka).



ENJEUX ET PERSPECTIVES

Au-delà de la simple démonstration de techniques et de technologies de médiation à distance, l’intérêt du laboratoire s’est porté sur les conditions de problématisation, dynamisées par la pratique de tels systèmes de transmission sonore et liées aux critères de modification d’espaces et de production de matériaux sonores.

Dans ce sens ce que nous explorons en tant que « Field Spatialization » (spatialisation de terrains) permet de mettre l’accent sur les pratiques liées à la mise en espace sonore à multiples échelles (« Networked sonic spaces / Espace sonores en réseau ») - allant du streaming à l'acoustique, la téléphonie, la radiophonie, et aux espaces virtuels -, aux sondages des espaces (indoor / outdoor) et à la mobilisation de l'espace sonore personnel aux notions de flux dans la représentation artistique sonore – locative et variable media -. Les problématiques qui s’ouvrent avec cette notion de « Field Spatialization » et qui se poursuivent aujourd'hui avec les recherches sur la « Sonification » et les « Auditoriums Internet », permettent de mieux interroger et discerner les dimensions impliquées dans les pratiques sonores d’espace et en réseau.

L'ouverture d’écarts critiques au sein de ces investigations s’est posée sur la question d’ Audio Extranautes issue de nos interlocutions régulières avec les domaines connexes de la sociologie, de l’épistémologie, de l’esthétique, de l'anthropologie sonore et de l'innovation technologique. La notion d'extranaute qualifie, dans un sens élargi, d’une part l'individu ou la communauté naviguant et actant dans des va-et-vient entre le on-line (intra-) et le off-line (extra-) – entre hybridation et immersion -, et d’autre part les manifestations dans l’espace physique des projets en réseau qui offrent ainsi de nouvelles vitesses (ralenties) à l’expérimentation des flux. Elle permet d’aborder de manière plus précise et commune les questions afférentes aux formes publiques et d’attention (nouvelles scénarités et constructions de public), aux transports d’ambiances et partages du sensible, aux formes expérientielles des flux, du temps réel et d’organisations de temporalités, et aux open models et dispositifs coopératifs, etc. (Depuis le lancement de l'unité de recherche, les ressources et les dispositifs de Locus Sonus sont mis à disposition et ont permis à des artistes et des structures artistiques et de recherche de développer des œuvres et des projets dans le prolongement des nôtres : Cédric Maridet, Cécile Beau, Sonic Art Research Center of Belfast, Brett Ian Balogh, Ragnar H. Olafsson, etc.).

Cette exploration des systèmes d’espaces en réseau révèle et rend lisible les contextes des pratiques nouvelles et récentes qui s’y développent entre espaces physiques et espaces virtuels (de l'ordre de que nous pourrions appeler une audibilité sociale ou un état musical et sonore des réseaux) tout en offrant une dimension expérimentale renouvelée de la création musicale et sonore. De même, la problématique centrale de Locus Sonus, les Flux Audio, est aujourd'hui mieux discernée dans l'ensemble des activités, projets, programmes et publications du laboratoire : elle en est le pivot actuel.