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LOCUS SONUS Groupe de Recherche Audio in Art Laboratoire de création sonore et audio Préambule Le développement de l'audio et du son dans les arts plastiques et visuels a permis la prise en compte des notions multiples de l'expérience du temps et de la transparence dans un art traditionnellement concerné par l'espace et la visualité. De surcroît avec les développements du contrôle du son permettant électroniquement, puis informatiquement, de le diffuser, de le déplacer, de le restituer et de le reproduire à tout moment, ce sont les expériences de temporalités et de spatialités, en tant que "virtualités" de nos environnements, qui nous occupent et nous actualisent. Nos espaces et nos temps ne sont plus seulement perçus par le parcours du regard et du corps, mais aussi "creusés" et multipliés par nos capacités d'écoute et de réception voire d'inscription dans des dimensions étendues, changeantes, modulantes et durables. De la transparence, nous retenons la présence virtuelle des choses et des êtres sans qu'ils soient "là", ce qui en audio est appelé l'acousmatique, par l'actualité et la réactualisation fantômatique d'actions passées, différées ou transmises à distance. Ce qui a été remarqué pour la photographie et le cinéma est aussi valable pour l'audio en se trouvant réinvesti de dimensions spécifiques quasi-quadridimensionnelles (X, Y, Z et T) mais ici exemptes de représentation visuelle spatiale. Depuis quelques années nous voyons apparaître dans de nombreux lieux des expositions dédiées à un art - voire des arts - de l'audio. Cette qualité "audio" (enregistrement, transmission, restitution, contrôle ) en complément de celles sonores (de l'audibilité des choses et des actions), Le son dans l'espace parce qu'il est diffusé, localisé, spatialisé; l'espace dans le son parce qu'il est amplifié, restitué, déplacé, immergé dans un autre espace-hôte qui ainsi le différencie (en-champs et hors-champs); le son samplé, bouclé, séquencé, réinjecté à partir de son "enregistrement" et des lectures de celui-ci; le son généré, le son contrôlé..., bref, des espaces qui ne sont plus ceux du concert mais qui concernent pourtant l'ouïe dans ses relations intermédiales: en rapport avec, à l'exclusion de ou en contradiction avec d'autres media. Nous disons ici "audio" car l'expression couramment acceptée "art du son" ou "art sonore", outre son renvoi à des considérations historiques ou matériologiques, semble appeler l'instauration d'un genre artistique, alors qu'il nous apparaît plus juste de discerner les articulations et les identifications des problématiques liées aux pratiques de production, de restitution et de diffusion sonores comme des problématiques générales de l'art, surtout dans notre contexte actuel et rapidement évolutif de l'hypermédiatisation. Ces articulations et ces identifications (et par là leurs singularités) pourraient proposer des outils et des objets, à la fois théoriques et expérimentaux, pour mieux appréhender la place de l'art dans cette hypermédiatisation et vice-versa. Le son est devenu un matériau pour l'artiste qui peut être utilisé indépendamment de la représentation et de l'écriture musicales. Parallèlement, les espaces de l'exposition/installation sont devenus des lieux possibles pour l'expression musicale - nombreux sont les artistes qui ne cherchent plus à se situer par rapport à une distinction entre ces domaines ou qui ne prennent plus comme principe cette distinction. L'atelier est devenu studio, le studio est devenu atelier, des collectifs de jeunes artistes se forment pour jouer de l'image et du son. Locus Sonus propose d'explorer ces champs sans pour autant réduire ces investigations à la définition formelle d'un nouveau genre. LÉcole Supérieure dArt dAix-en-Provence explore depuis la création de son option de recherche dans le champ croisé de lart, des sciences et de la technologie, les possibilités quoffre la création sonore, quelles soient de nature autonome, qu'elles engagent des opérabilités transdisciplinaires, ou qu'elles soient interactives dans des dispositifs physiques ou virtuels. Lexploration de la création en réseau sur les supports télématiques et dans le cadre d'environnements partagés et collectifs donne au son et à la recherche audio un caractère prospectif et inédit sollicitant le développement de nouveaux dispositifs et environnements de production et de diffusion artistique. De son côté, l'École Nationale Supérieure de Nice Villa Arson explore les conditions de la contemporanéité de l'art au travers de ses inscriptions historiques et contextuelles. Ayant initié il y a 10 ans une exposition intitulée Murs du Son, Murmures, la Villa Arson a décidé d'explorer, et ceci depuis longue date, les multiples situations du son. Après l'ouverture singulière de l'enseignement du son par Lars Fredrikson, et les développements de l'AudioLab entre 1992 et 2003 (http://audiolab.villa-arson.org/), les recherches pédagogiques liées à cet enseignement a croisé et interrogé les prémices de l'informatisation et de l'interconnexion des outils et de leurs entremêlements avec les pratiques. Ainsi Lascaux2 en 1999 et le projet SCAN (Studio Création Arts Numériques, 2000-2003), et la série de workshops et de projets (Exil 1998-2002, Radiomatic 2002-2003, échanges avec Avatar Québec 1999-2002, etc.), n'ont cessé d'interroger et de tenter de problématiser les singularités de ces pratiques et des outils qu'elles génèrent ou mésusent. Plus que la transversalité ou le détournement, c'est la connectivité propre à ces pratiques et techniques qui a été relevée (une sorte d'audibilité sociale). La création sonore a accompagné depuis plusieurs décennies lessor des technologies en sciences comme en art en anticipant ou en détournant des usages et en énonçant des perspectives favorisant des pratiques vivantes expérimentales. Celles-ci ont continuellement requestionné et enrichi les formes de réprésentation telles que l'exposition et l'événement public. La question aujourd'hui que nous souhaitons soutenir serait de voir en quoi les pratiques sonores et audio deviennent un territoire de recherches et d'innovations en art permettant de déterminer des spécificités propres et des enjeux définis, tout en favorisant des dialogues et des échanges entre des domaines de pratiques et des manières de faire. Nous voudrions établir un champ de recherche, d'expérimentation et d'évaluation sous la forme dune laboratoire modulaire et mobile afin d'en identifier les émergences significatives et de proposer un espace de développement de celles-ci. LESA dAix et l'ENSA Nice Villa Arson proposent donc sur la base de leurs ressources pédagogiques actuelles et de celles de ses partenaires artistiques, pédagogiques, institutionnels, universitaires ou de recherche, d'élargir, d'enrichir et de compléter un domaine de recherche dans le champ intermédia de la création plastique qui nécessite un approfondissement tant par lexpérimentation que par la recherche théorique. |